Fabian Peter, Conseiller d’État du canton de Lucerne, s’exprime dans une interview sur une disposition cantonale, selon laquelle la part d’énergie non renouvelable ne doit pas dépasser 90% des besoins essentiels, pour les constructions à usage d’habitation.
Notre expérience est concluante, la disposition est efficace. La limite de 10 pour cent semble certes minime à première vue, mais dans la pratique, elle implique un changement de mentalité chez les maîtres d’ouvrage. Dans plus de 80% des cas, ils choisissent de passer à un système à énergie 100% renouvelable. Et dans trois quarts des cas, la solution choisie est la pompe à chaleur.
Notre expérience se déroule dans de très bonnes conditions. Jusqu’à présent, nous n’avons fait face à aucun problème particulier. Mais nous savons bien que dans certains cas – par exemple dans des zones urbaines denses ou des bâtiments protégés – la mise en œuvre d’une solution standard, comme l’installation d’une pompe à chaleur, peut s’avérer difficile. Dans ces rares cas, un justificatif «CECB» a été établi et il a été prouvé que – grâce à des mesures ciblées – la classe d’efficacité énergétique globale D était atteinte.
Afin d’atteindre notre objectif climatique cantonal «zéro émission nette 2050», la contribution de tous est nécessaire. Dans le domaine des énergies fossiles, la Suisse est fortement dépendante de l’étranger. Cette situation est particulièrement évidente aujourd’hui, alors que la pénurie d’énergie menace. Nous misons notamment sur notre programme d’encouragement «Énergie» et sur le conseil incitatif afin que les propriétaires immobiliers renoncent le plus rapidement possible aux énergies fossiles. Le programme d’encouragement «Énergie» est une histoire à succès et les fonds sont épuisés année après année. Pour l’année en cours, le Conseil d’État a donc plus que doublé la contribution cantonale. Les nouvelles mesures d’encouragement sont communiquées chaque année au grand public.
Le Grand Conseil lucernois est convaincu par le programme «chauffez renouvelable» et le soutient depuis son lancement. En tant qu’ancien entrepreneur et ingénieur CVC, je connais bien le thème du chauffez renouvelable. Ainsi, au début de mon mandat, j’ai expressément soutenu le programme dans un message vidéo adressé à la population. Le projet est très concluant et selon notre perception de la situation, avons réussi à atteindre le public cible.
Je recommande de passer rapidement aux systèmes de chauffage fonctionnant avec des énergies renouvelables, car nous pouvons les produire en Suisse. Nous réduisons ainsi notre dépendance vis-à-vis de l’étranger, ce qui devient de plus en plus important en raison des tensions géopolitiques croissantes. En passant des énergies fossiles aux énergies renouvelables, les propriétaires immobiliers peuvent contribuer activement à la réduction du réchauffement climatique. De plus, l’argent reste en Suisse.. L’impact économique est donc également important. Une rénovation est toujours profitable à long terme. Lors du remplacement du chauffage, il est important de se renseigner au préalable sur les différentes possibilités. Lors du conseil incitatif, les expert-es présentent les différentes possibilités, et répondent aux questions. En outre, l’établissement d’un certificat «CECB Plus», également subventionné par le canton de Lucerne , est vivement recommandé. Sur la base des recommandations du «CECB Plus», un spécialiste peut alors également planifier une rénovation.
La règle d’or est d’isoler d’abord et de remplacer ensuite le chauffage, pour des raisons d’efficacité énergétique. Le meilleur résultat est obtenu en combinant les deux mesures.
Le Parlement lucernois a chargé le Conseil d’État de proposer au plus vite les adaptations législatives nécessaires afin d’atteindre le plus rapidement possible un approvisionnement en chaleur sans combustibles fossiles et avec de l’énergie issue de sources renouvelables, de mieux exploiter le potentiel de production d’électricité photovoltaïque et d’augmenter de manière significative l’efficacité énergétique sur le territoire cantonal. Un projet d’adaptation de la loi cantonale sur l’énergie dans ce sens sera mis en consultation dès la fin de l’année. Les mesures qui visent à atteindre la neutralité climatique dans le secteur du bâtiment ont également pour objectif de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger. En effet, la politique énergétique et climatique est aussi une question de sécurité: en d’autres termes, lors de la restructuration de notre approvisionnement énergétique, nous ne devrions pas seulement penser aux objectifs climatiques, mais également à la sécurité d’approvisionnement de notre pays.